Le livre

Sommaire

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Avant-propos

 

Partie I – Pourquoi la question se pose

Chapitre 1 – C’est quoi déjà, une révolution ?
Chapitre 1.a – Une crise qui n’en finit pas
Chapitre 1.b – Des politiques à la dérive
Chapitre 2 – Où est passée la démocratie ?
Chapitre 2.a – L’Europe des corporations
Chapitre 2.b – Le dieu euro et le roi dollar
Chapitre 3 – La plus osée des hypothèses
Chapitre 3.a – Actualité mondiale de la révolte
Chapitre 4 – Où en est la jeunesse française
Chapitre 4.a – Le défi médiatique
Chapitre 5 – Syndicats fantômes contre mouvements sociaux

Partie II – La révolution, pour quoi faire ?

Chapitre 6 – Que faire du progrès ?
Chapitre 7 – Libéralisme(s)
Chapitre 7.a – Le communisme bouge encore
Chapitre 8 – La nation, qu’on le veuille ou non
Chapitre 9 – État, douanes, dette et monnaie
Chapitre 9.a – Sortir
Chapitre 10 – Autonomie et biens communs
Chapitre 11 – Élire ou tirer au sort ?

Partie III – Échéances

Chapitre 12 – Too big to save ?
Chapitre 13 – État de la France après la prochaine crise financière
Chapitre 14 – Résistances et corps constitués

 

Conclusion – Juillet 2023, la nouvelle révolution française (fiction)

Quatrième de couverture

Que se passerait-il si la France entrait en révolution ? Alors que les gagnants de la mondialisation, retranchés dans un parti unique, tiennent en apparence fermement les rênes du pays au service de leurs intérêts propres, un nombre important de nos compatriotes, dont on sait qu’il ne fait qu’augmenter, ne considèrent plus le jeu lassant des alternances au pouvoir comme l’alpha et l’oméga de la politique. Au point d’en appeler à une grande remise à plat, un retournement salvateur et spectaculaire, la révolution, pourquoi pas ? Ni dans un mois ni dans un an, sans doute, mais plus tard, qui sait ? Partir de cette hypothèse, que l’on pose ici pour l’année 2023, se révèle une démarche féconde, et pas si osée que cela pour qui connaît l’histoire de ce pays. Surtout, l’essentiel de son intérêt réside dans la mise en mouvement, non plus seulement théorique, mais humaine, des grands mouvements d’idées que l’on dit « alternatifs ». Qu’elles soient résolument modernes, d’invention relativement récente ou ressurgies de quelque passé que l’on croyait oublié, ce sont à coup sûr ces idées, pondérées par le poids réel ou symbolique des troupes qui les portent, qui constitueraient le socle d’une éventuelle nouvelle révolution française.

Auteur : Fabrice Grimal
Editeur : Jean-Cyrille Godefroy, 2018
ISBN : 978-2-86553-300-8

Avant-Propos

« Les hommes sont hantés par les songes, et les actions qui ont la couleur des songes sont aussi fortes que les dieux. »
André Malraux
« Alors que toutes nos antiques croyances chancellent et disparaissent, que les vieilles colonnes des sociétés s’effondrent tour à tour, la puissance des foules est la seule force que rien ne menace et dont le prestige ne fasse que grandir
L’âge où nous entrons sera véritablement l’ère des foules. »
Gustave Le Bon
Il y a quelques années à peine, en France, l’emploi du terme « révolution » pour autre chose que la promotion d’un nouveau rasoir ou du dernier téléphone portable en date aurait été du dernier kitsch. Ce n’est à l’évidence plus le cas. L’ampleur de la crise économique, politique et morale dans laquelle le pays s’est enfoncé, au même titre que beaucoup de ses voisins européens, a rallumé chez de nombreux Français l’espoir du kairos, ce moment décisif qui engage selon Thucydide l’avenir d’une cité, à l’occasion duquel pourrait de nouveau survenir l’événement jubilatoire par excellence, celui qui constitue la clef de voûte de leur histoire commune et donne sa justification à leur fête nationale et leur hymne : la révolution. La vraie, celle que l’on mène tant bien que mal à son terme quitte à traîner en chemin, le grand chambardement qui offre à ses acteurs la possibilité de se saisir enfin des rênes de leurs destins, de se jeter dans le grand bain de l’Histoire pour tenter d’actionner le monde à leur tour, comme certains de leurs aînés eurent autrefois l’occasion de le faire. À la fois accélération historique et rupture temporelle, une révolution a pour vocation première de faire sauter des blocages considérés jusqu’alors comme insurmontables, et elle n’est considérée comme telle que si elle permet une véritable refondation ultérieure ; sa durée de ce point de vue pourra dès lors varier de quelques mois à plusieurs dizaines d’années. Comme l’écrit le philosophe Federico Tarragoni, le moment révolutionnaire correspond à « un temps qui sort de ses gonds », mêlant continuités profondes et discontinuités tapageuses, tandis que par « conversion révolutionnaire » une masse critique d’individus interrompent leur trajectoire socialement prévisible pour remettre leur vie en jeu au service d’une cause. Ils sont alors frappés par ce qui semble se situer « à mi-chemin entre la « fulguration », l’expérience épiphanique, et le « choix » d’en tirer les conséquences »1. Cette bifurcation majeure, dont la rareté fait tout le prix, c’est l’Histoire qui se rappelle aux hommes pour leur montrer qu’elle n’est jamais terminée, quand bien même chaque époque s’imaginerait immuable dans ses choix, ses mœurs ou ses déterminismes politiques.

Si l’on se permet ici de formuler sans détour l’hypothèse d’une nouvelle révolution, c’est que la question est déjà très largement posée depuis quelques années. 2016, notamment, a véritablement affolé toutes les boussoles électorales. La communication politique « classique » des élites au pouvoir y a pris une série de claques violentes, qu’il s’agisse de l’avènement de Donald Trump aux États-Unis, du Brexit au Royaume-Uni, du camouflet reçu par Matteo Renzi en Italie, de la défaite imprévue de tous les ténors de la droite, ou de l’abdication inouïe de l’ancien président François Hollande. Les dirigeants en place, d’ordinaire sereinement vissés à leurs fauteuils, ont largement fait les frais de ce « moment populiste » dont l’exception s’appelle Emmanuel Macron, qui confirme déjà la règle. Alors, une fois conscients qu’ils vivent bien une phase d’accélération de l’Histoire, conscients aussi des limites des processus électoraux qui leur sont proposés, beaucoup de Français en viennent tout naturellement à prévoir – et bien souvent à souhaiter – qu’une remise à plat générale se fasse un jour ou l’autre, pourquoi pas dans un avenir proche. Parmi ceux qui l’appellent de leurs vœux le plus explicitement, le plus souvent sur Internet, il faut bien entendu distinguer entre la minorité des véritables aventuriers qui seraient prêts à s’engager le moment venu, et la majorité de ceux qui se contenteraient d’être les spectateurs d’un événement qu’ils n’évoquent aujourd’hui que par coquetterie intellectuelle, ou parce que certains de leurs écrits, dont la vigueur est puissamment catalysée par l’anonymat que permet la toile, dépassent en réalité leurs pensées.

Et pourtant, le mot est dans l’air. Lâché, ou plutôt relâché à la suite d’une longue quarantaine, car la révolution au XXe siècle était immanquablement devenue synonyme de communisme, dans le chaos et la violence. De fait, en tant que phénomène historique, la révolution peine toujours à être réellement théorisée. Ses promoteurs les plus zélés continuent de la penser avec des outils conceptuels qui datent souvent de plus d’un siècle, ou par l’invocation d’épisodes récents qui résistent chacun à leur manière à la catégorisation…

(La suite de l’avant-propos est réservée aux lecteurs de l’ouvrage).

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